Rencont’roms nous.
La parole aux premiers concernés.
Rencont’roms nous est une association toulousaine qui cherche à (re)donner la parole aux premiers concernés – les habitants Roms – à travers des actions culturelles, artistiques et éducatives, qui permettent de se rencontrer, favoriser l’inclusion des habitants et ainsi lutter contre le racisme et les discriminations. L’association travaille ainsi sur le terrain de la Flambère à Toulouse, AVEC les habitants. L’association s’inscrit pleinement dans une démarche inclusive et participative, à travers trois volets qu’elle déploie au quotidien : culture, éducation et insertion professionnelle. Autant de projets qui invitent au faire ensemble, au partager ensemble, créant les conditions de rencontres inédites et conviviales. L’équipe est d’ailleurs composée de quatre jeunes salariés, Andrei Nicolae, Frendus Nitu, Florin Drezaliu & Lola Gouin, et de jeunes volontaires en service civique, principalement des jeunes Roms issus du terrain.
(Re)donner la parole aux premiers concernés, c’est les rendre acteurs des différents projets pour :
– Favoriser l’inclusion, lutter contre l’exclusion, le racisme, l’antitsiganisme et les discriminations, en déconstruisant les préjugés et les discriminations.
– Favoriser l’accès à la culture, en favorisant le développement de pratiques artistiques et culturelles, en (re)découvrant des univers et champs artistiques nouveaux, en participant à la vie culturelle.
– Favoriser l’accès à l’éducation, l’éducation étant un vecteur d’émancipation et de citoyenneté.
– Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, en les accompagnant dans leurs projets socioprofessionnels.
Pour tout cela, nous travaillons depuis 2013 avec les habitants Roms du terrain de la Flambère, un bidonville où vivent près de 140 personnes dans le quartier Purpan, à Toulouse. Depuis toutes ces années, nous menons ainsi un réel travail de terrain, quasiment du quotidien, où nous voyons les habitants, et notamment les plus jeunes, grandir (ou vieillir), évoluer, progresser, aller de l’avant, se projeter. Un temps long, qui a créé des relations de confiance et d’amitié et des liens très forts, nous permettant d’avancer sereinement et progressivement. Jusqu’à notamment créer un premier poste salarié, en février 2020, confié à Andrei Nicolae, un jeune de la Flambère, d’abord comme animateur, puis en tant que médiateur scolaire. Puis un second contrat salarié, confié à Frendus Nitu, à partir de mai 2021, en tant qu’animateur, CDD requalité en CDI à compter de février 2022. Deux beaux exemples, deux fiertés. Puis, un troisième CDD à Florin Drezaliu, en tant qu’animateur socioculturel à partir d’octobre 2021.
Une démarche inclusive qui a d’ailleurs débouché sur l’obtention de l’agrément « Jeunesse et éducation populaire », en novembre 2019 par la Préfecture de la Haute-Garonne.
Si initialement nous étions sur des projets artistiques et culturels, nous avons naturellement et progressivement investi, d’abord le volet scolaire, puis le champ de l’insertion professionnelle. Nos projets culturels voulaient trouver un écho à l’école, pour valoriser le travail des jeunes, puis de rencontres en rencontres avec les équipes éducatives, nous avons glissé vers un accompagnement scolaire global. En parallèle, les jeunes participaient de plus en plus à toutes ces actions, nous amenant à les accompagner d’un point de vue socioprofessionnel. Trois volets finalement intimement liés, qui s’inscrivent dans un accompagnement global des jeunes. Ainsi, notre projet repose désormais sur trois piliers : culture, éducation, insertion professionnelle.
D’abord, la culture. Avec une double entrée. L’entrée « cultures tsiganes », avec la volonté de les diffuser, dans toutes leurs richesses et diversités. Ici, les habitants du terrain ont une place grandissante, puisqu’ils animent de plus en plus eux-mêmes ces temps culturels (initiation aux danses tsiganes, atelier cuisine, etc.). Autre axe, l’ouverture culturelle et l’éducation artistique et culturelle. Nous leur proposons tout un panel d’activités artistiques et culturelles pour découvrir de nouvelles pratiques, de nouveaux horizons, de nouveaux champs, pour pénétrer dans des lieux emblématiques de la ville, pour (re)découvrir le patrimoine, le territoire. Nous explorons plusieurs disciplines culturelles, travaillons avec d’autres publics sur des projets ciblés pour proposer des projets communs permettant à chacun de changer son regard sur l’autre, par le simple fait de travailler avec. Ce sont des projets de long cours, où la dimension éducative est toujours sous-jacente (projet théâtre, projet danse , projet poésies, etc.). Ce sont aussi des projets pour mieux se connaître, apprendre la langue, développer ses relations, etc.
Ensuite, l’éducation. Un volet grandissant et omniprésent dans notre quotidien. Dès 2017, l’association cherche à favoriser la scolarisation des jeunes de la Flambère, avec un travail étroit avec les établissements scolaires où les jeunes sont scolarisés, et aussi avec une volonté de développer les espaces de réflexions collectives avec différents partenaires et acteurs (institutionnels, associatifs, Éducation nationale) en lien avec la scolarisation. Rencont’roms nous devient ainsi un acteur identifié et reconnu. Jusqu’à se voir confier une mission de médiation scolaire sur le terrain, confiée au jeune Andrei Nicolae, qui s’est particulièrement illustré en la matière pendant le confinement au printemps 2020. Andrei Nicolae est donc médiateur scolaire et a pour mission de faire le lien entre élèves, familles et établissements scolaires. Il suit et accompagne ainsi près de 40 enfants sur le terrain, pour leur (re)donner le droit de rêver. Active sur le terrain, Rencont’roms nous s’investit aussi dans les réseaux locaux et nationaux, avec des contributions aux discussions et réflexions liées à la médiation scolaire. Depuis 2019, l’association propose en parallèle des modules de sensibilisation au racisme dans les collèges, que les jeunes animent eux-mêmes.
Enfin, l’insertion professionnelle. Avec l’accueil de cinq jeunes volontaires en service civique issus du terrain, sur des contrats de huit mois. Chaque jeune accueilli est accompagné individuellement, avec tout un travail autour de son parcours socioprofessionnel se met en place, pour que cette expérience lui soit un tremplin utile et porteur. A chaque jeune accueilli, c’est donc une aventure inédite qui démarre, avec son lot de joies, de bonheur, de coups durs, de peines, tant au niveau personnel que professionnel. Avec au bout, des parcours d’inclusion réussis. Si Andrei Nicolae et Frendus Nitu en sont les plus belles expressions, d’autres beaux exemples suivent derrière. Surtout, ce pari d’accueillir autant de jeunes du terrain a permis d’apporter un nouveau souffle, une nouvelle dynamique à la vie associative, avec de nouveaux projets, de nouvelles idées, etc.
Ces trois volets nous incitent donc à nous balader à travers Toulouse, ses quartiers, mais aussi à travers larégion Occitanie et de plus en plus au niveau national, pour proposer des actions qui invitent à la rencontre, au partage et à la convivialité, qui convoquent le faire ensemble, le créer ensemble, le partager ensemble. Se trame aussi un enjeu de citoyenneté, car les habitants du terrain s’impliquent dans la vie locale, ils participent à la vie culturelle et sociale. Ils (re)découvrent et se réapproprient leur(s) territoire(s). Être citoyen, c’est habiter une ville, y participer, s’y sentir légitime à circuler ici ou là. Cela peut paraître anodin, mais ne l’est pas pour tout le monde.
Ce projet associatif s’est construit, affiné, développé avec le temps, au fil de nos rencontres, des partenariats, au gré des opportunités qui se profilaient devant nous. Mais aussi en suivant la participation et l’engouement des jeunes du terrain de la Flambère à ce que nous pouvions proposer, ces jeunes qui passaient rapidement de « publics bénéficiaires » à acteurs et organisateurs de nos projets. Ainsi, le AVEC d’aujourd’hui est différent du AVEC de 2013.
Ces jeunes qui font vivre l’association aujourd’hui, qui proposent des activités aux plus petits, ce sont les mêmes qui en ont bénéficié à notre arrivée, en 2013. Ce temps long permet de voir grandir les jeunes, de s’inscrire avec eux dans un réel parcours d’inclusion, qui devient global. L’évolution est impressionnante. Ces jeunes s’accomplissent, s’épanouissent, grandissent, s’ouvrent, se découvrent des destins nouveaux, parce qu’ils ont une fenêtre pour s’exprimer. De projet en projet, ils se forment, ils se livrent, ils se découvrent, ils progressent, ils apprennent, puis rétrocèdent ce qu’ils ont appris. De formés, ils deviennent ensuite en quelque sorte formateurs.
Ces jeunes, ils font le lien permanent, tels de réels médiateurs : ils renforcent les liens entre habitants du terrain et l’association, ils redessinent les liens entre le terrain et les différents partenaires (associatifs ou institutionnels). Ils sont forces de propositions, d’initiatives, d’actions. Ils agissent en tant que premiers concernés. Leur place est toute trouvée. Nous aimons ainsi montrer cette jeunesse qui s’engage au quotidien. Un engagement contre le racisme, contre les discriminations, contre les préjugés. Mais surtout un combat POUR l’inclusion. En mettant en avant leurs histoires, leurs parcours, leurs expériences, l’association ne cesse ainsi d’agir pour leur (re)donner la parole, qu’ils saisissent admirablement bien. En les accompagnant au quotidien, nous créons collectivement des espaces de dialogue, de débats, d’échanges, autour de projets collectifs et partagés.
Le chemin de l’utopie, semé d’aventures, de rencontres, de surprises, de défis, est encore long, mais nous le poursuivons avec passion, motivation et détermination. Avec toujours au cœur de notre quotidien, les habitants de la Flambère. Ils ont tellement de choses à dire, à raconter, à proposer, qu’il est plus qu’urgent et nécessaire de les remettre au centre des politiques d’inclusion et de lutte contre le racisme. A Toulouse, ces jeunes en sont un bel exemple.
Rencont’roms nous s’appuie aujourd’hui sur un réseau fidèle de partenaires institutionnels, associatifs, culturels, éducatifs, artistiques, etc., qui continuent à la réussite de nos actions. Nous restons une association de terrain qui agit au plus près des citoyens et des habitants de la Flambère. L’humain reste ainsi au coeur de notre projet.
Cette relation entre les habitants et les membres de l’association explique aujourd’hui le succès de nos actions, avec beaucoup de temps passé ensemble, à se côtoyer, à se découvrir, à échanger, à se livrer. Il est à noter que, même si les familles sont relogées à travers la ville et la métropole, le travail que nous menons continue avec elles. Une relation qui permet à l’association de se développer d’année en année, en investissant de nouveaux champs, de nouvelles disciplines et de nouveaux territoires. « Latcho drom » !